mardi 6 septembre 2011

Le téléchargement m'a tuer ??



    Si le petit monde des séries semble moins touché que celui de la musique ou du cinéma, il n’est pas rare d’entendre ou de lire que les « tv shows » sont en voie de disparition à cause du monstrueux braconnier, tapis dans l’ombre derrière son écran : le téléchargeur.
  Alors posons la question : Est-ce le téléchargement qui va tuer les séries (si meurtre il y a) ?
  Il est facile de répondre oui à cette question car, en effet ne l’oublions pas, les séries ne sont et ne seront jamais qu’un passe plat entre deux coupures publicitaires. Leur raison d’être est de faire patienter le téléspectateur devant son écran jusqu’à ce qu’apparaissent les réclames qui lui feront acheter le lendemain au supermarché la nouvelle serviette hygiénique hyper-absorbante ou appeler Olivier de Carglass lorsque son pare-brise sera fissuré. C’est le prix que payent les annonceurs pour voir passer leurs spots qui décide de la viabilité du show et de son budget. Et ce à plus forte raison sur les chaînes privées qui ne dépendent quasiment que de leur régie publicitaire. Alors oui, dans ce cas précis nous pouvons dire que le téléchargement tue la série télévisée puisqu’il la prive de sa raison d’être, de son utilité première.
  Mais là encore, la réponse est presque trop facile. Les téléchargeurs sont-ils les seuls fautifs ? Evidemment, non.
  Les chaînes de télévision ont également leur part de responsabilité. Durant des années, les téléspectateurs n’avaient pas le choix : ils devaient, s’ils voulaient suivre une série s’en remettre aux services des chaînes de télévision ou attendre la sortie de la série sur support vidéo. Les chaînes, ne voyant ou ne voulant pas voir venir la petite révolution d’internet ont alors continué de diffuser les séries comme si de rien n’était : diffusions d’épisodes dans le désordre, doublages approximatifs, diffusion des années après leur passage aux Etats-Unis, etc…
  Les chaînes de télévision n’ont alors pas compris que désormais, le spectateur avait le choix : si une série tardait à apparaître, si le doublage ne lui convenait pas, s’il n’arrivait pas à suivre pour cause d’épisodes diffusés dans le désordre ou à des heures trop tardives, il pouvait se passer de l’outil télévision et regarder son épisode directement sur son ordinateur.
  Depuis, le réseau télévisé a fait quelques louables efforts : épisodes diffusés via la TNT en version originale sous-titrée, saisons disponibles quelques semaines voir quelques jours après leur passage sur les ondes américaines…
  Mais nous pouvons constater que ces efforts s’avèrent être insuffisants. 
  Tout d’abord, les diffusions chaotiques n’ont pas cessées, il suffit de prendre l’exemple de Dexter sur TF1 : la saison 2 sera diffusée 4 ans après son émission aux Etats-Unis,  à partir de 23h30 jusqu’à 1h du matin (excluant ainsi toutes les personnes qui travaillent le jeudi matin…) et même après sa sortie en dvd. Prenons également l’exemple de Private Practice diffusée cet été sur France 2 après avoir dormi dans les cartons de TF1 alors même qu’au Etats-Unis commencera à la rentrée la saison 5 de la série. Là encore, les chaînes ont oublié qu’elles n’avaient plus le monopole des diffusions…
  De même, si les « grands » shows tels que Les Experts, Mentalist ou Dr House sont plus ou moins bien diffusés sur notre réseau, on ne peut pas en dire autant des petites séries exigeantes. Pour voir ces séries (citons Sons Of Anarchy, Weeds, Dexter ou Mad Men) il faut soit s’abonner à une chaîne payante comme Canal+ ou Orange soit attendre une hypothétique diffusion, le jeudi, à 2h du matin entre deux films de cul sur une chaîne gratuite.
  Il est paradoxal de constater que ceux qui téléchargent le plus et qui sont donc accusés de tuer les séries sont ceux pour qui ces séries comptent le plus car peu importe au spectateur lambda de voir une série dans le désordre, censurée, mal doublée, avec un nouveau générique qui pousse à zapper avant même que l’épisode ait commencé. Ceux qui téléchargent sont ceux qui aiment les séries, qui sont le plus accros, ceux qui ont compris qu’en dehors du Mentalist ou de NCIS, il existe de vraies petites pépites qui n’ont rien à envier au 7ème art et qu’il serait dommage de passer à coté. Une étude récente a même démontré que ceux qui téléchargent le plus sont aussi ceux qui achètent le plus de supports vidéos tels que le dvd et le blu-ray.
  Loin de moi l’idée de faire ici l’apologie du téléchargement illégal puisque passionné par les séries je souhaite, le plus longtemps possible trouver des séries de qualité. Mais je suis aussi forcé de constater que quand on aime vraiment les séries, on ne peut s’empêcher de cliquer sur « télécharger maintenant ».
  Alors, pour répondre à la question posée, je pense qu'il est un peu facile de montrer d'un doigt accusateur le spectateur qui, lassé d'attendre des années pour savoir si oui ou non Rachel est enceinte ou déconcerté de voir qu'à cause d'une diffusion dans le désordre un personnage mort empalé sur une girouette réapparaît frais comme un gardon, a fini par céder à la tentation de télécharger sa série favorite. De plus, vu les jolies audiences que font encore certaines séries en France comme à l'étranger, et vu la qualité et l'inventivité de beaucoup d'entre elles il est peut-être prématuré de parler de la mort des séries : parions plutôt que vu l'amour que leur portent les spectateurs, elles ont encore un bel avenir devant elles !
Sébastien

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